Il m'arrive de lire un conte zen pour ouvrir une séance sur une thématique. J'ai choisi de vous partager ce conte japonais qui est une merveilleuse illustration de la voie vers ce qui nous rend véritablement plus fort. La puissance ? La vitesse ? ou autre chose ? Qu'est-ce qui nous permet d'être soi sans risquer de blesser et être blessé ? Je vous laisse découvrir la réponse au travers des lignes qui suivent...
Tsukinawa, le Shogun de la province de Yamamura, avait trois fils. Tous les trois étaient extraordinaires, et il était extraordinaire qu'ils fussent tous les trois vivants et en bonne
santé : ils étaient triplets.
Tsukinawa était inquiet car il avançait en âge et n'avait pas encore pu se décider pour désigner celui de ses trois fils qui lui succéderait comme Shogun. Alors il fit appel à Sunimache le sage, afin qu'il teste les capacités de ses fils pour choisir le plus
fort.
Sunimache fit s'éloigner les trois jeunes hommes, et installa une cruche remplie d'eau en équilibre sur le dessus de la porte d'entrée du jardin entrouverte.
Il appela alors Tsukyana, le premier des trois fils.
Lorsqu'il poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, est arrivé ce qui devait arriver : la cruche tomba tout droit sur la tête de Tsukyana.
Celui-ci, vif comme l'éclair, dégaina son sabre et fracassa la
cruche avant qu'elle ne l'atteigne.
Impressionné par tant de vitesse, Sunimache acquiesça de la tête et demanda à Tsukyana d'attendre dans le salon à l'intérieur de la maison.
Il installa une nouvelle cruche comme la précédente et appela ensuite Tsukyono, le second des trois fils.
Lorsque Tsukyono poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, la cruche tomba tout droit sur lui.
Celui-ci, fort comme un boeuf, attrapa la cruche dans ses bras avant qu'elle ne lui fende le crâne.
Impressionné par tant de puissance et heureux d'économiser une cruche, Sunimache acquiessa de la tête et demanda à Tsukyono d'attendre dans le salon à l'intérieur de la maison avec son frère.
Il ré-installa la cruche sur la porte et appela ensuite Tsukyene, le dernier des trois fils.
Lorsque Tsukyene poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, la cruche tomba tout droit sur lui, comme pour ses deux frères.
Celui s'écarta pour éviter la cruche, qui se fracassa par terre en répandant toute l'eau sur le sol pavé.
Sunimache acquiessa de la tête et demanda à Tsukyene d'attendre dans le salon à l'intérieur de la maison avec ses frères.
Tsukinawa le Shogun, très content de l'aide du sage, vint le rejoindre en aplaudissant, enthousiaste, et en s'exclamant que Tsukyana, le premier de ses trois fils, était assurément taillé pour la tâche de Shogun tant sa rapidité et son adresse étaient avérées.
Sunimache ne dit rien.
Tsukinawa, interloqué, réfléchit au désaveu du sage quelques instants, et comprit que Tsukyana avait certes cassé la cruche avant qu'elle ne le blesse, mais aurait tué un ami qui se serait amusé à lui faire une farce...
Tsukinawa demanda alors au sage s'il aurait raison de confier la tâche de Shogun à son deuxième fils Tsukyono, parce que lui avait bien réagi en ouvrant les bras pour attraper la cruche.
Sunimache ne dit rien.
Tsukinawa réfléchit encore au désaveu du sage, et comprit que Tsukyono avait certes attrapé la cruche avant qu'elle ne se casse, mais aurait été tué par un ennemi qui se serait caché
pour l'agresser...
Sunimache esquissa un sourire, et dit :
- Oui, tu as finalement bien compris que la meilleure attitude aété choisie par Tsukyene ton troisième fils : n'ayant pas le temps de savoir si ce qui lui tombait dessus était ami ou
ennemi, il s'est promptement écarté pour se mettre hors d'un éventuel danger sans pour autant influencer le devenir de ce qu'il ne connaissait pas.
Et vous, quel serait votre choix ?
Référence : Yug Arpac - Contes Zen - https://conteszen.wordpress.com/2010/02/28/conte-zen-le-choix/
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